Mes yeux, et hélas mes oreilles, ont été attrirés à plusieurs reprises ces dernières semaines par un petit bonhomme qui se promène dans le métro parisien afin d'y répandre ce qu'il suppose probablement être de la musique.

Jusqu'ici rien de bien nouveau. On cotoie de tout dans le métro parisien, du hautboïste concertiste qui joue le concerto de Richard Strauss pour se faire un peu de sous, jusqu'aux beugleuses qui chantent dans un sabir indescriptible sur une guimauve musicale qui pourrait aussi bien être croate que coréenne. Ou française, d'ailleurs. Toutes ces personnes ont un lien. D'une façon ou d'une autre, bien ou mal, elle font de la musique. Je veux dire qu'elles la font elles-mêmes.

C'est là qu'intervient notre bonhomme. Il entre dans le métro avec une sorte d'orgue de barbarie dont il tourne la manivelle et de la musique en sort. J'arrête tout de suite ceux qui ont commencé leur procès d'intention : l'orgue de barbarie est un vrai instrument et il possède quelques interprètes fantastiques (cf. le disque "mechanical music" de la série jadis consacrée à Ligety par Sony, où P. Charral a fait un magnifique travail de mécanisaion, notamment des musica ricercata). Donc notre bonhomme fait son numéro, puis la quête, et récupère quelque pièces. Tout est normal. Vraiment?

Maintenant, passagers du métro et surtout de sa ligne 3, soyez attentifs. Le son de notre bonhomme est une espèce de valse musette, avec vents, percussions et... cordes. Cordes? La vitesse et le volume de sa production ne varient jamais, qu'il tourne ou non la manivelle. Observez de près son engin. C'est une sorte de caisse en conteplaqué, sur laquelle sont collés des tubes en carton de diverses tailles, ainsi que ce qui semble être une manivelle de lèvre-vitre d'automobile. Le tout est très mal peint avec de la peinture dorée, la même que celle utilisée par ma fille à la maternelle pour décorer un cadre orné de macaronis beaucoup plus réussi. En plus l'objet est mal foutu et baille de partout si bien qu'un oeil même distrait peut voir la lumière bleue qui sort d'un lecteur de cd ou mp3 caché dans la boîte.

C'est hallucinant. Non seulement il se fait du fric en se faisant passer pour musicien, mais du coup il canibalise des pièces qui pourraient aller à des gens qui, eux, font le boulot.

Dure rentrée.