Comment peut-on s'ennuyer comme un rat mort?

La question n'est pas de savoir s'il existe un niveau maximal d'ennui au-delà duquel il est impossible d'aller. Ni de se demander si passé un certain seuil, une vie intérieure ne finit pas par prendre le relais de la défunte vie extérieure.

Mais considérons le rongeur moyen décrit par le fabuliste plagiaire bien connu. Il nous décrit d'ailleurs deux catégories de bestioles, l'une urbaine et l'autre rurale. Mais ni l'un ni l'autre ne semble spécialement passif ou amorti. Plus près de nous, les locataires gratuits des égouts ou du métro font preuve d'une activité débordante, perpétuellement affairés au dépeçage de tel détritus ou sac en plastique.

Et surtout, une fois notre cobaye mort, comment peut-on prétendre qu'il puisse s'ennuyer? De là naît une question métaphysique de la plus haute importance: un mort, rongeur ou omnivore, s'ennuie-t-il encore?