Un certain Luke Reinhart a écrit l'histoire d'un homme du même nom, psychothérapeute de son état, qui découvrit un jour une solution radicale pour en finir avec l'ennui.

Non, il ne s'agit pas de s'attaquer frontalement à l'uniformité en se débarassant de windows, ce que tout démocrate s'efforce de faire depuis longtemps. Le concept central de l'homme-dé, publié en 1971, est de confier au hasard l'essentiel des choix de sa propre existence. Ca commence par des choix modérés (si le 1 sort, je vais de ce pas me taper la femme de mon voisin, confrère et ami), et ça prend un tour de plus en plus débridé, et évidemment très déstructurant.

Ce qui pourrait être une simple parabole autour de l'ennui est en fait un roman très déjanté, parfois un peu glauque (dois-je quitter femme et enfants demain? Dois-je tuer quelqu'un) mais souvent désopilant pour qui n'est pas effarouché par quelques libertinages assez marqués par l'époque. J'ai particulièrement aimé la perplexité judiciaire face au témoignage de quelqu'un dont les propos n'ont, par construction, aucune cohérence dans le temps.

A lire, surtout pour ceux qui ont aimé V, de Thomas Pynchon.