Il y a quelques jours, l'ORTF France 2 a gratifié ses téléspectateurs d'un reportage surréaliste sur l'Allemagne. Un pays où on travaille. Un pays sans les trentcinqueurs. Un pays sans grèves. Le paradis, quoi.

Bref, une émission de plus destinée à promouvoir sans vergogne quelques idéologies largement faisandées, sur un ton d'un autre temps. Au milieu de ce bourbier, un détail a pu échapper aux quelques-uns qui regardaient ce triste spectacle (au sens de Debord) d'un oeil distrait ou complaisant. Un passage de l'émission, consacré à l'ex-RDA, s'intéressait à Leipsig et à son importance musicale hors normes. Mon propos n'est pas du tout de nier l'incontestable (sauf que la moindre des politesse serait de relativiser par rapport à Vienne). Mais le détail amusant, c'est que l'illustration musicale de ce passage consistait en un extrait, plusieurs fois répété, d'une symphonie de Chostakovitch.

Qu'en déduire?

Qu'il s'agit d'une bonne blague faite par un esthète qui cherchait à replonger Leipsig dans son passé soviétisant? Que l'illustrateur musical, s'appuyant sur une culture limitée à Lorie, a mis de la "musique classique" choisie au hasard? Ou tout simplement que les propos limite fascisants du documentaire étaient inconsciamment appuyés par une musique fleurant bon le fascisme de l'autre côté du mur (contre lequel Dmitri faisait ce qu'il pouvait)?