Des bruits et des images, deux expériences récentes.

Il y a deux semaines, à l'occasion d'un déplacement à Londres, une soirée à l'opéra pour voir (enfin!) le grand macabre de Ligeti. C'était formidable, à tous points de vue. En particulier, toute la mise en scène autour d'une maquette de femme sur laquelle étaient projetées des vidéos était d'une inventivité débridée, en parfaite osmose avec la farce irrévérentieuse du hongrois. En introduction, la femme-décor se sent mal après un excès de Big Mac-abre... qu'elle finit par évacuer en conclusion du spectacle d'un coup de chasse d'eau libérateur. Les catalans de la Fura dels baus, qui avaient déjà commis un superbe Stockhausen (le voyage de Michael autour de la terre) l'an dernier, sont décidément très doués.

Et ce week-end, intégrale Varèse à Pleyel, avec vidéos. Musicalement, c'était superbe, et le concert est souvent l'occasion de (re-)découvrir des oeuvres qu'on connaît mal. Très bel Arcana, superbe Ecuadorial. Le plus beau Déserts que j'aie entendu. Mais il faut aussi parler de l'Amériques de samedi soir, et des vidéos de Gary Hill. Les qualificatifs me manquent pour exprimer le rejet qu'elles m'inspirent. C'était, au mieux, nul. Au pire, comme dans Amériques, très envahissant, perturbant. Je ne peux rien dire sur ce que j'ai entendu durant cette pièce tant l'abjection visiuelle qui nous était imposée venait parasiter l'écoute. Je mettrais toutefois de côté la mise en scène plutôt réussie des interventions solistes (cantatrices, flûtiste dans Density 21.5).

Dimanche, à l'issue du second concert, les musiciens ont été chaleureusement acclamés, et le vidéaste copieusement hué, et ce n'est à mon avis que justice. Ces deux productions concernent des oeuvres relativement anciennes (Amériques a été composé il y a quatre-vingts ans, l'oeuvre de Ligeti en a trente), qui ont toutes deux été revisitées avec force usage de vidéo. Dans un cas on a remis de la verve dans un texte qui pourrait être daté, dans l'autre on a provoqué une perte d'attention chez l'auditeur/spectateur.

Petit détail en passant : j'ai payé 10£ au Coliseum de Londres, 52€ pour les deux concerts à Pleyel. Mais à Londres, je n'ai pas croisé Berroyer ni Dusapin.