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Vieux bruits

Vieux, vieux... quand on parle de Zimmermann le qualificatif peut surprendre.

Eh bien oui, disons-le tout net, vieux!

C'était hier soir à la Villette, à l'occasion de la biennale de quatuors à cordes, qu permettait aux plus fous d'entrendre en une petite semaine une bonne quarantaine de quatuors dont l'intégrale Schubert (avec des suppléments, on y viendra). Les Hagen ont commencé par un Debussy qui ne m'a pas vraiment convaincu. Je mettrai peut-être ça sur le compte de ma fatigue et leur laisser le bénéfice du doute.

Ensuite il y eut le truc bizarre du jour, la création française du quatuor à cordes de Bern (SIC!) Alois Zimmermann. Créer en 2010 une oeuvre d'un compositeur mort en 1970 et surtout connu pour deux oeuvres aussi colossales qu'inmontables, le Requiem pour un jeune poète et l'opéra Les soldats, tient en premier abord du foutage de gueule intégral. Me voici donc en train d'entammer avec un ami ma rangaine sur le mépris dans lequel les français tiennent la musique moderne, qui culmina sans doute par les propos hallucinants tenus par Christine Albanel au début de son bref et oubliable mandat. On se souviendra que c'est à la fin des années 60 que Jochum a créé en France la 6ème (je crois) de Bruckner. Mais revenons-en à notre suicidé. N'ayant pas de programme (il n'y en avait plus), nous voilà condamnés à écouter, ce qui en un sens n'est pas si mal. Et qu'entendons-nous? Un machin totalement tonal ou presque, du genre qu'on n'osait plus écrire depuis bien avant la naissance de BAZ (1918), assez proche finalement du quatuor de jeunesse de Webern. Que se passe-t-il? Zimmermann avait 3 ans quand Schoenberg a composé le pierrot lunaire!

La notice, récupérée à l'entracte, nous éclaira : l'oeuvre date de la seconde guerre mondiale. C'est un exercice d'étudiant, rejeté par le compositeur, qui a été créé par les mêmes Hagen en 2008. Pan sur le bec de ma critique de la modernitude française!

Après l'entracte H. Schiff est venu se joindre au quatuor pour un quintette en Ut magnifique. Là on n'ajoute rien, tellement la simplicité de l'oeuvre se suffit à elle-même.

Au final tout ça c'était vieux (pas de jugement de valeur ici!), remontant dans la forme au XIXème siècle.

Une mention toute particulière pour le public, lui aussi très français. Je ne sais pas quelle proportion des spectateurs avait décidé de consacrer sa soirée à répandre sa grippe A, mais je n'au jamais entendu autant de râclements de gorge, toux et crachats aussi bien entre les mouvements que pendant. Autre grand classique, les irrécupérables ploucs qui partent pendant les applaudissements. J'ai appris qu'une amie les baptisait gentiment "les connards qui sont venus en bagnole". Deux traits caractéristiques de l'identité nationale française qui nous ont sans aucun doute permis de partir plus tôt que je l'imaginais, privés de bis.

Ecrit par schlopotok, le Dimanche 17 Janvier 2010, 17:15 dans la rubrique Bruits.