L'homme de la rue retiendra sans doute de Faraday, pour peu qu'il ait un minimum d'éducation, que les cheveux de la demoiselle (supposés longs et surtout propres sans quoi l'expérience perd de son sel) retombent quand on ferme la cage grillagée dans la spectaculaire expérience scientifique, si Debord me permet l'expression. Peut-être aussi retiendra-t-il qu'il faut rester dans sa voiture, pour peu qu'elle soit ancienne, allemande ou koréenne, lors d'un orage.

Dans notre beau monde moderne, Faraday a désormais son verbe - faradiser. Le procédé est apparu dans des salles de réunions où il se dit des choses suffisamment peu avouables pour que l'on préfère laisser le soin de leur divulgation à des personnes à qui elles n'étaient pas destinées a priori aux seuls participants, et non à des tiers dont la compétence se limiterait à avoir fait dissimuler des micros, apannage des démocraties (nul n'est besoin de les dissimuler dans le cas contraire). Telle la marmotte, on emballe donc la pièce suspecte dans du papier d'alu ou un équivalent, empêchant ainsi l'entrée, et surtout la sortie, de signaux électromagnétiques indésirables.

D'aucuns on également émis l'idée que certains lieux, telles les assemblées où se déroulent les débats les plus démocratiques (et en présence donc de micros bien visibles), ou des spectacles notamment lyriques qui le sont parfois beaucoup moins (démocratiques et visibles), usent des mêmes procédés pour en finir définitivement avec la nuisance nomade que constituent les téléphones mobiles. A ce stade, et après l'abandon prématuré de cette belle idée au parlement italien, on en est toujours au stade du concept.

Peut-on aller au-delà? Un obstacle assez ardu se pose assez rapidement. En effet, dès lors que deux entités souhaitant conmmuniquer par voie hertzienne se trouvent dans la même cage de Faraday, celle-ci n'a plus d'effet et rien ne les empêche de contrevenir à ce pourquoi cette belle découverte du XIXème siècle connaît sa nouvelle jeunesse. On ne peut donc sérieusement envisager de mettre, par exemple, tout un pays dans une cage de Faraday géante pour le protéger des effets néfastes du GSM. Il est également difficile de demander à ceux qui désirent être tranquilles de s'entourer d'une cage portative, sauf à souhaiter retrouver le charme des costumes des films de science-fiction de série B des années 70.

Reste donc une seule solution, simple et définitive. Exigeons la faradisation des relais de téléphonie mobile. Non seulement cette mesure nous débarrassera définitivement des sonneries ponctuant l'arrivée de Jack l'éventreur à l'acte 3, mais elle aurait du même coup un effet particulièrement salutaire sur la senté, au moins psychologique, des populations injustement placées à proximité de ces fléaux modernes.