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Darm-statisme?

Les Bouffes du Nord, lundi soir.

Il paraît que le financement de ce lieu magnifique est en péril, fragilisé par une dotation de l'Etat en chute libre après le départ annoncé de Peter Brook. On y perdrait beaucoup mais face à une volonté politique affichée d'erradiquer tout ce qui peut amener les gens à réfléchir, tout est possible.

Lundi soir, donc, ma dernière sortie du festival dAutomne 2010. Au menu, trois compositeurs. D'abord Frédéric Pattar avec une très belle pièce pour violon solo, partant de coups de griffes pour arriver au contraire vers des plans tout lisses sur fond de glissandi. Rien que pour ces 8 minutes, ça valait le coup de dépenser les 10 malheureux euros demandés.

Ensuite une pièce pour percussions de Billione. Là, très franchement, j'avais peur. Sans duote en souvenir d'un récent concert consacré à ce compositeur où je me suis ennuyé à mourir. Je dis ça parce que j'ai trouvé cette pièce très intéressante, exploitant à fond les possibilités du marimba, et particulièrement évocatrice de l'idée développée par le compositeur. Il s'agit d'impliquer l'interprête dans l'exécution du morceau au-delà du simple usage d'un instrument. Une vision plus physique, plus sensuelle, faisant de l'interprête lui-même le vecteur de la musique, son corps se faisant instrument : utilisation des mains et doigts pour frapper, petit gong accroché sur la poitrine... Très convaincant.

Et puis... Lachenman. C'est ce que j'attendais le plus, et c'est ce qui m'a déçu. Tout d'abord une pièce, interprêtée par le compositeur, qui faisait très Darmstadt, comme toutes ces pièces pour piano qui se resemblent, avec pour modèle plus ou moins avoué l'Op. 27 de Webern, en moins fin. Un coup d'oeil sur le programme : création à Darmstadt.

Ok, morceau suivant. Le compositeur sort trois papiers A4 pliés en 4, les déplie à grand peine et les pose sur le pupitre, et se met à tapoter le clavier, le cadre, à pincer les cordes... très 68-69 tout ça. On vérifie sur le programme : 70, raté de peu.

Pause, puis dernier morceau, un grand jeu vocal entremêlant trois textes avec accompagnement d'un piano qui faisait bien plus que dans une pièce classique, notamment de par la résonnance de la voix qu'il permettait. Lachenman fut élève de Nono et c'est vrai qu'à bien des titres cette pièce rappelait le souvenir du vénitien : résonnance, superposition inintelligible de trois textes de langues différentes... Comme dans l'inaccessible Prometeo. Mais je dirais, un peu vite sans doute, que c'était ce que vous n'aimez pas dans Nono, sans ce que j'y aime. Un peu comme s'il s'était dit, 15 ans après, qu'il allait faire la même chose en remplaçant par un piano l'ochestre chambriste, l'électronique et la spatialisation de l'original.

Le festival 2010 se clôt pour moi. Au final, 4 concerts, deux réussites incontestables, un concert Billione à la Bastille sdans lequel je ne suis pas rentré, et une belle soirée tout de même aux Bouffes du nord. Très bon dans l'absolu, c'est exceptionnel comme programmation contemporaine. Vivement l'année prochaine! Si le Père Noël me lit, peut-il faire en sorte qu'on pioche quelques classiques du programme 2011 dans la liste suivante :

  • For Philip Guston (Feldman)
  • Prometeo (Nono)
  • Die Soldaten (Zimmermann)

Ecrit par schlopotok, le Mardi 30 Novembre 2010, 20:43 dans la rubrique Bruits.