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Homéopathie

On m'a expliqué un jour un procédé d'écriture pour doper ses dialogues. L'idée est que si l'on fait dialoguer A et B, puis qu'on constate que A n'est que le faire-valoir insipide de B, il faut virer A et mettre A' ou carrément C à la place.

On devrait y penser pour les interviews télévisés d'hommes politiques, mais tel n'est pas mon propos (p*tain deux ans!)

Prenons un dialogue, qu'on supposera raisonnablement bien fichu et le moins commenté possible (sinon c'est un genre de dialogue à trois avec le narrateur), extrait d'un livre publié par un auteur fréquentable. Décidons arbitrairement de reconduire à la frontière l'un des deux personnages, disons A, et de le remplacer par un autre, C, sans toucher aux répliques de B, en cherchant à faire ça bien, et en attribuant à C un contexte et des motivations aussi éloignées que possibles de celles de A. Laissons reposer.

Un certain temps après, on vire B, on le remplace par D en prenant garde à éloigner D de B, mais également des éventuels arrangement qui avaient permis à C d'interagir avec B. En gros l'idée est que chaque dialogue soit vraiment cohérent et que l'on n'ait pas une démarche binaire où un dialogue sur deux est un prétexte transitoire tordu. On ne passe pas de A-B à C-D par l'intermédiaire de C-B, mais bien de A-B à C-B puis C-D.

On filtre, on laisse reposer, et on recommence, toujours un temps à chaque fois. Au bout d'un certain nombre d'intérations, on arrive à un dialogue qui n'a plus que quelques rares ponits communs formels avec celui de départ : deux protagonistes, le même nombre de répliques, et éventuellement des interrogations aux mêmes endroits.

Mais peut-être existe-t-il, au-delà de la forme, un fantôme du dailogue initial, des tensions et détentes qui persistent aux mêmes moments, une évolution de l'humeur des personnages qui a résisté aux substitutions. A part le côté un poil oulipien ou surréaliste de la démarche, probablement ludique, c'est cette idée de permanence invisible du dialogue initial, à la mode homéopathique,  sur laquelle je m'interroge.

Celà a sans doute déjà été fait. Quelqu'un aurait des références? En attendant, je vais tâcher d'essayer.

Ecrit par schlopotok, le Mercredi 5 Mai 2010, 16:09 dans la rubrique La vie, son oeuvre. L'oeuvre, sa vie.

Commentaires :

Celsius42
05-05-10 à 19:18

l'idée est intéressante, mais...

Je ne vois pas le lien avec l'homéopathie.

 
schlopotok
06-05-10 à 11:13

Re: l'idée est intéressante, mais...

Vague.

La dilution, l'idée qu'après 10 changements complets de textes, il restera quelque chose du dialogue initial. La mémoire de l'oh!