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Silence...

Comme à l'accoutumée, aucun bruit ne venait du couloir.

Et comme toujours, il avait entrefermé sa porte, peut-être pour s'abriter du vacarme d'une photocopieuse trop envahissante, ou des échanges de vue venant du bureau d'en-face. Toujours est-il que, dans cette demi-tranquillité, il pouvait lutter un peu plus efficacement contre l'indicible ennui qui séparait invariablement deux urgences imprévisibles.

Seulement son activité, clandestine bien que fort peu condamnable, l'obligeait à se tourner sur le côté, de sorte que non seulement il ne pouvait voir directement la porte, mais son activité se trouvait exposée à la vue d'un éventuel visiteur.

Il n'avait entendu personne approcher dans le couloir. Moquette épaisse sans doute justifiée par la fonction qu'il était censé occuper, capitonnage mural, longue tradition de discrétion feutrée rendaient pratiquement indécelable tout déplacement dans cette organisation. Bien sûr, certains avaient tenté de fermer leur porte, mais avec uniquement des effets négatifs: présomption de désertion par la hiérarchie, entrée sans ménagement d'intrus dès lors persuadés de ne déranger personne, et finalement insécurité accrue.

Il vit bien la porte s'ouvrir, sans avoir eu le temps de distinguer l'identité de son visiteur. Il ne pouvait d'ailleurs se retourner avant d'avoir négligemment recouvert ses notes avec l'un des nombreux dossiers qui grouillaient sur son bureau, et qu'il prenait soin de remplacer régulièrement avant que ceux-ci ne jaunissent trop ostensiblement.

Mais pour une raison qui lui échappait, tout se passait cette fois-ci au ralenti. Il essayait bien d'atteindre ce nouveau contentieux très alambiqué, mais plus sa main approchait, plus l'effort restant à effectuer semblait s'accroître, jusqu'à ce que tout semble figé. Par un suprême effort, il prit quelques feuillets au passage, et les approcha de ses coupables travaux. Tandis que son visiteur n'en finissait pas d'arriver, toujours plus lentement mais sans que l'on pût avoir le moindre doute sur la connaissance qu'il avait désormais acquise des travaux réellement en cours, sa main se ralentit encore, jusqu'au moment où

Ecrit par schlopotok, le Lundi 8 Novembre 2004, 15:17 dans la rubrique Vie quotidienne.

Commentaires :

Gnaf
14-11-04 à 15:40

(^_^)